Le concert du 2 mars 2021 prévu dans le bel auditorium du CRR de Paris ayant été officiellement annulé, il a été décidé de présenter en ligne les musiques et vidéos qui auraient été jouées : https://www.youtube.com/watch?v=46v4z3PFwRU
En voici le programme :
Emilie Mousset les passagers [2014] 8’14 (musique acousmatique)
Miniature 1 (live electronic)*
Edgar Nicouleau Captive [2020] 6’05 (acousma-vidéo)
Miniature 2 (live electronic)*
Elsa Biston Il n’y a pas d’autre côté [2020] 23’01 (musique acousmatique)
Miniature 3 : (live electronic)*
Robert Cahen (images) & Nicolas Vérin (musique) Cérémonies [2015] 8’20 (film)
Miniature 4 : (live electronic)*
Ivo Malec Luminétudes [1968] 12’17 (musique acousmatique).
*les live electronic sont de et par Vincent Laubeuf
Emilie Mousset Les Passagers [2014] 8 ’14
(musique acousmatique)
Pour André Berkover, et sa mémoire précieuse et obstinée.Pièce acousmatique composée à partir d’un réservoir de sons communs partagés avec plusieurs compositeurs et enregistrés en juin 2014 à Toulouse, et de prises de sons faites par mes soins de 2005 à 2010 en Pologne et en Roumanie. La composition s’est articulée autour d’un travail sur la notion de passage, avec en toile de fond la présence obsédante des camps de la mort. C’est un hommage à un rescapé des camps d’Auschwitz, André Berkover, infatigable témoin avec lequel j’ai effectué plusieurs voyages en Pologne, et disparu en août 2018.Elle sera présentée en stéréo avec une image fixe proposée par la compositrice
Edgar Nicouleau « Captives » [2020] 6’05
(acousma-vidéo)
Ulysse seul conserve ses oreilles ouvertes, il se lie trois fois au mat avec des cordes et à chaque fois qu’il demandera à être détaché, ses hommes resserreront les liens. Alors Ulysse pourra entendre ce qu’aucun homme n’a entendu sans mourir.
Elsa Biston Il n’y a pas d’autre côté [2020] 23’01
(musique acousmatique)
J’explore dans cette pièce un son, une situation ; un petit son de rien du tout, pas exceptionnel, minuscule presque.Il est composé de trois strates, le son de deux objets qui s’entrechoquent, une composante grave continue, et le « bruit de fond » – sons environnants, sons des machines. Le choc des deux objets produit un rythme fragile, un peu hésitant, répétitif mais jamais identique, avec des accentuations produisant une légère gestuelle – il semble à la fois chaotique et doué d’intentionnalité. Focalisée sur ce son, la pièce fait apparaitre peu à peu des fragments d’un contexte – par des sons de manipulations, de frottements, de déplacements qui signalent une présence humaine derrière les micros, et par les sons extérieurs suggérant un décor.L’écoute peut osciller entre l’écoute de la matière sonore pour elle-même, et l’écoute du son en tant qu’indice qui permet d’imaginer un entour, un moment, une provenance.Les multiples retours et réagencements, ainsi que les opérations de montages procédant par cuts, ruptures franches qui laissent les coutures à vue, sont les éléments constitutifs du rythme et de la forme de la pièce, et renvoient aussi au temps de la composition de la pièce, ses tâtonnements et essais successifs. Le son est proposé selon plusieurs mixages, capté avec différentes positions de micros, comme autant de points de vue, qui en proposent une auscultation et créent une musique de timbres et de spectres, dans laquelle le jeu de mélange entre les différentes strates et les changements de timbre constituent le socle de la variation. Le titre est issu du spectateur émancipé, de Jacques Rancière, dans un passage qui traite de la notion de réalité et de son utilisation, sa conception dans l’art. Hors contexte, elle est ouverte à de multiples évocations et applications. « Le cinéma, la photographie, la vidéo, les installations et toutes les formes de performances du corps (…) ne peuvent éviter la coupure esthétique qui sépare les effets des intentions et interdit toute voie royale vers un réel qui serait de l’autre côté des mots et des images. Il n’y a pas d’autre côté. (…) »
Robert Cahen (images) & Nicolas Vérin (musique) Cérémonies [2015] 8’20 (film)
Pour brosser l’Histoire humaine un seul moment suffit pour nous rappeler notre fragilité, la beauté de l’existence, la nécessité vitale de la Nature. Réminiscences de la Géorgie, rencontre entre la tradition et la modernité, poésie de l’instant…
Ivo Malec Luminétudes [1968] 12’17
(musique acousmatique)
Cette pièce pour bande magnétique seule entreprise à l’occasion de la préparation de la partie électroacoustique de Lumina et à partir des mêmes éléments réunis pour la réalisation de celle-ci, est une sorte de sondage du matériau, de son « éligibilité ». On y trouve, à l’opposé de manipulations assez réduites, la multitude de « coupes » nettes tentant à la fois de valoriser ce matériau dans son état naturel [prise de son stéréo] et de mettre en valeur le jeu de durées. Plus que de vouloir assurer un certain équilibre formel convenant à l’étude, ses trois parties [Forte – Piano – Pianoforte] se reconnaîtraient davantage comme témoins de ces poussées imprévisibles qui s’opèrent entre la violence et son envers, la tendresse.Encore une chose : vers la fin de la pièce et à l’intérieur de celle-ci, comme une petite musique intime, on entend une voix chuchoter : « dédié à Pierre Schaeffer ». [IM]
Vincent Laubeuf 4 Miniatures electronic live [2021]
(live electronic)
En contrepoint avec les pièces programmées lors de ce concert, 4 courtes musiques electronic live ont été composées. L’idée était de créer un continuum tout au long de ce concert, afin que le spectateur reste dans un univers sonore du début à la fin du concert, sans être interrompu, notamment par les applaudissements. L’intéressant également c’est de créer de légers contrastes entre des œuvres composées, fixées sur support, riche sonorement et formellement, avec des séquences jouées en temps-réel, conçu comme des transitions plus légères.Pour la version en ligne, les séquences ont été captées, puis montée au niveau de l’image, le son ayant été laissé tel quelle.